
David Piotrowski, Penser la langue
Entre gestes et concepts
€25.00
« Penser la langue » c’est la considérer au point de vue de ce qu’on peut en connaître, et, dualement, c’est reconnaître en quoi et comment elle déborde toute rationalité — spécialement celle qui pourtant y est à l’œuvre. Ce livre mobilise dans un premier temps le référentiel épistémologique des sciences de la nature : le statut empirique de la sémiolinguistique est ainsi interrogé, avec au centre du débat la tension entre, d’un côté, l’apparente matérialité du signe, qui lui confère une certaine positivité, et, de l’autre, le conditionnement de la donnée sémiolinguistique par les formes, savantes ou ordinaires, de sa conceptualisation. Tension qu’il faudra reconsidérer dans une perspective élargie, de façon à mieux cerner le mode d’existence des phénomènes sémiolinguistiques, et ainsi comprendre le sens de leur unité aux concepts théoriques qui, au moins partiellement, les déterminent et les objectivent. Confrontés à l’énigmatique dualité du signe, qui est conjointement entité concrète et objet de conscience, on en appellera aux lumières du structuralisme saussurien et de la phénoménologie husserlienne. Ladite « identité différentielle » du signe linguistique s’avérera ici cruciale, cela à trois titres : d’une part, en ce que s’y opère une abstraction sans concept ; d’autre part, en ce que, dans sa formulation morphodynamique, elle débouche sur une stratification de la conscience verbale ; et enfin en ce que s’y trame la capacité des langues à se nier et à se dépasser. Mais si la langue, au travers des paroles qui l’accomplissent, est en perpétuel dépassement d’elle-même, c’est qu’elle répond aux exigences intérieures d’une expressivité insatisfaite en ses formes acquises, une expressivité qui se cherche, et qui une fois verbalisée installe de nouvelles sphères de signification. L’articulation merleau-pontienne du « parlé » et du « parlant » sera convoquée pour en rendre compte, faisant retour d’un même mouvement à sa conception de la parole comme geste.
David Piotrowski est chercheur au CNRS, en poste au laboratoire HTL (Histoire des théories linguistiques). Soutenus par un questionnement épistémologique, ses travaux se développent au croisement de la linguistique structurale, de la morphodynamique et de la phénoménologie. Parmi ses principaux ouvrages : Dynamiques et structures en langue (CNRS Éditions), Phénoménalité et objectivité linguistiques (Champion) et Morphogenesis of the Sign (Springer).
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