
La psychologie française dans l’impasse
Du positivisme de Piéron au personnalisme de Fraisse
€24.00
Ce livre part du constat qu’en France la psychologie académique n’est pas parvenue à se conformer aux exigences de scientificité sans se faire annexer autrefois par la physiologie, aujourd’hui par les neurosciences. Quand, à la fin du XIXe siècle, l’idéologie républicaine appelle à des savoirs rendant compte en termes scientifiques des phénomènes humains, une contradiction apparaît : la recherche positiviste des déterminismes de la conduite entre en conflit avec un des fondements d’une République qui doit procéder de l’exercice du libre arbitre ; or celui-ci ne peut être déterminé. C’est au cœur de cette contradiction que le projet d’une étude scientifique de l’individu prend forme. La psychologie n’a pas élaboré depuis une théorie des processus complexes qui façonnent la trajectoire des individus, des interactions entre les variations infinies de l’environnement et celles de l’état du système organique qui traite ces données extérieures en les interprétant et en les catégorisant. Le dualisme, explicite ou non, de la psychologie française l’a empêchée de concevoir ces deux types de séries causales comme aussi matérielles l’une que l’autre. Que l’environnement humain soit saturé de valeurs, que les interprétations qui en sont élaborées modifient sans cesse l’état de l’individu et donc ses réactions ne devrait pas empêcher la psychologie de se donner pour objet cette complexité et la découverte des lois d’interaction. Or, elle n’aurait pu le faire que sur la base de réflexions épistémiques – jamais menées en son sein – abordant l’évolution individuelle comme globalement aléatoire mais déterminée ponctuellement, comme une historicité individualisante remaniée à chaque instant par le langage et ses interprétations du monde. Ce livre présente l’histoire de ce problème dans la psychologie française du XXe siècle en se fondant sur les archives de ses principaux acteurs. Si le positiviste Henri Piéron fonde l’Institut de psychologie, dirige comme Pierre Janet une revue de psychologie, obtient comme celui-ci une chaire au Collège de France, la psychologie reste à l’université dans le giron de la philosophie. Mais à partir des années 1950, un personnage clé, sur lequel on s’arrête tant son destin reflète celui de la psychologie, a réussi là où les précédents avaient échoué : Paul Fraisse. D’abord personnaliste et proche du philosophe E. Mounier, responsable avec lui des destinées de la revue Esprit, Fraisse usa de ses accointances pour obtenir les soutiens qui firent advenir une psychologie autonome. Mais il était trop tard pour que la psychologie académique française soit confrontée à son objet fondamental et capable enfin d’en rendre compte.
Françoise Parot est professeur émérite d’histoire et d’épistémologie de la psychologie à l’université Paris Descartes et chercheur émérite associée à l’IHPST.
Édition | 1re |
Date de publication | Janvier 2017 |
ISSN | 2275-9948 |
ISBN | 978-2-37361-082-6 |
eISBN | 978-2-37361-083-3 |
Support | Papier & eBook (Cairn) |
EAN13 Papier | 9782373610826 |
EAN eBook | 9782373610833 |
Nombre de pages | 296 |
Nombre de figures | 21 photos en noir et blanc |
Dimensions | 16,4 x 24 cm |
Prix livre papier | 24 € |
Prix eBook | 13 € |
Avant-propos (page 5)
Remerciements (page 9)
Introduction générale (page 11) La psychologie comme expression d’une crise de la pensée en France
Première partie Comment la psychologie est-elle devenue une discipline académique ?
Introduction (page 29) La psychologie académique en France
Chapitre 1 (page 33) La crise de la pensée française (1820-1860)
Chapitre 2 (page 41) La crise de la conscience sous la République : Théodule Ribot et la fausse naissance de la psychologie (1860-1900)
Chapitre 3 (page 51) La crise : l’hystérie (1880-1914)
Chapitre 4 (page 61) L’impuissance des psychologues (1890-1914)
Chapitre 5 (page 69) L’Institut de Psychologie de Piéron : une coquille vide (1915-1964)
Chapitre 6 (page 83) L’entre-deux-guerres, la parenthèse enchantée et refermée
Chapitre 7 (page 99) L’après-guerre, la fin du règne de Piéron, l’arrivée de Lagache (1940-1948)
Deuxième partie Un personnaliste psychologue : Paul Fraisse
Introduction (page 111) Un personnage de roman
Chapitre 8 (page 117) Fuir l’enfer
Chapitre 9 (page 127) L’œuvre de Dieu, la part du diable
Chapitre 10 (page 139) J’ai deux amours
Chapitre 11 (page 147) La guerre et la captivité
Chapitre 12 (page 159) Les Murs Blancs, le bonheur personnaliste et communautaire
Troisième partie Le personnalisme de Fraisse et sa conversion à la psychologie
Introduction (page 181) L’après-guerre comme « fenêtre de tir »
Chapitre 13 (page 185) La psychologie peut-elle être personnaliste ?
Chapitre 14 (page 207) L’engagement dans l’administration de la psychologie
Conclusion (page 227) Nettoyer les bidonvilles ontologiques
Annexe Archives de Paul Fraisse (1911-1996) (page 245)
Index des noms propres (page 285)
Nous joindre. Nous sommes là pour vous renseigner (mardi-samedi, 13h-18h).
06 64 35 33 23 / contact@materiologiques.com
Éditions Matériologiques © 2025. Tous droits réservés.