Hélène Gaget, La pensée des ingénieurs face à la complexité

De l’analogie mécanique-électrique à la modélisation complexe

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La question de l’ingénierie, souvent réduite aux impacts sociétaux des artéfacts qu’elle élabore, oublie les formes de pensée que les ingénieurs mettent en œuvre pour raisonner et réaliser. Pourtant, ces pensées recèlent un intérêt philosophique non négligeable, en particulier lorsque, comme aujourd’hui, l’ingénierie se trouve obligée de prendre en compte la complexité des objets qu’elle appréhende et conçoit. Il s’agit ici, grâce à l’observation et à l’analyse des pratiques de recherche des ingénieurs sur plus d’un siècle, de mettre en lumière des démarches rarement placées sous le regard des philosophes. Pour accéder aux stratégies cognitives de développement des systèmes d’ingénierie face à la complexité, il est nécessaire de plonger dans un certain langage des systèmes artificiels et dans celui d’une modélisation qui lui est particulièrement adaptée : la méthode par Bond Graphs. Au fil du xxe siècle, la recherche récurrente d’un formalisme unique susceptible de coupler les domaines physiques et les nombreuses réflexions autour de sa justification ont enrichi le concept de couplage ou de transduction. Ce concept a lui-même progressivement aidé à façonner l’expression d’une cohabitation intrinsèque des différentes phénoménalités. La modélisation par Bond Graphs, par ses concepts spécifiques, s’est saisie de cette évolution. Elle permet aujourd’hui d’exprimer le lien étroit entre les effets multiphysiques et montre, par contrecoup, que l’ingénierie contribue aux transformations épistémologiques actuelles. Plusieurs sujets de philosophie des sciences sont ici concernés : la multiplicité des raisonnements mobilisés pour résoudre les problèmes, la diversité des causalités dont celle, particulière, liée au couplage, l’intrication des phénoménalités, la spécificité ceteris non paribus des systèmes dans leur rapport aux lois physiques ainsi que l’entrée de la systémique dans la « pensée complexe ». Car les systèmes artificiels élaborés nous apparaissent bien complexes du fait des difficultés calculatoires qu’ils engendrent, mais surtout par leurs caractères multiphysiques, autorégulés, aléatoires, structurellement élaborés, etc. Le sentiment d’inaccessibilité qu’ils suscitent met au défi les ingénieurs d’innover et d’en proposer, malgré tout, des modèles efficaces.

Hélène Gaget est maîtresse de conférences à la faculté des Sciences et Ingénierie de Sorbonne Université. Ingénieure en électronique de l’ENSICAEN, puis docteure d’État en informatique à Sorbonne Université, elle se consacre aux bases de données puis, plus largement, à la structuration de l’information et aux traitements des connaissances.

Livret

Édition

1re

Date de publication

Mai 2025

ISSN

2425-5661

ISBN

978-2-37361-483-1

eISBN (Cairn)

Support

Papier & eBook (Cairn)

EAN13 Papier

9782373614831

eEAN PDF

Nombre de pages

492

Dimensions

16 x 24 cm

Prix livre papier

32 €

Prix eBook

26 €

Remerciements (page 3)

Préface de Geneviève Dauphin-Tanguy (page 5)

1 (page 9) Introduction

2 (page 29) Des méthodologies successives à disposition de l’évolution du discours

Partie 1. Définitions et aspects techniques

3 (page 39) Situer le contexte scientifique du propos : la prééminence de l’énergie et le lien analogique entre domaines physiques

4 (page 61) La modélisation par Bond Graphs et sa synthèse des analogies interdomaines

Partie 2. Considérations historiques

5 (page 81) L’émergence des deux systèmes analogiques de 1920 à 1960

6 (page 87) Le silence progressif des arguments qui justifient l’analogie entre domaines depuis l’émergence de la modélisation BG

7 (page 105) La conscience du problème analogique exprimée dans le cadre des BG

Partie 3. Une nouvelle analogie entre domaines physiques

8 (page 115) La difficile représentation des processus thermodynamiques et son rôle dans l’évolution de la transduction

9 (page 129) Une nouvelle analogie fondée sur une catégorisation autre des domaines de la physique

10 (page 139) L’évolution des arguments et de la présentation de la nouvelle trame physique chez Paul Breedveld

Partie 4. Considérations épistémologiques

11 (page 171) Les raisonnements en jeu dans la construction du concept de transduction

12 (page 193) De l’analogie mécanique-électrique à une vision intriquée des phénomènes

13 (page 215) La phénoménalité intriquée et le rôle des BG dans son émergence

14 (page 229) Perspectives philosophiques de l’intrication des phénomènes. I. La diversité des causalités questionnée

15 (page 277) Perspectives épistémologiques de la phénoménalité intriquée. II. Former des hypothèses ceteris non paribus et faire cohabiter holisme et mondes différenciés

16 (page 315) La phénoménalité intriquée forme-t-elle un nouveau paradigme ?

17 (page 331) Systèmes complexes et pensée complexe. Définitions et situation dans l’histoire de la philosophie des sciences

18 (page 363) à la recherche de critères pour la complexité des systèmes. Quelle complexité pour quel système ?

19 (page 431) Cohabitation des moyens de la modélisation avec une pensée complexe

20 (page 461) Conclusion

Postface d’Anouk Barberousse (page 469) Un grand livre de philosophie des sciences

(page 471) Bibliographie